Ohh Notre Dame...
Laissez-nous nous remettre,
Cette fente ouverte laissant descendre une lumière nouvelle ce matin sur le parvis, encore légèrement mouillé de l'île de la Cité, nous pénètre…
Pourrait-elle seulement nous illuminer plutôt que de nous aveugler ?
Oh Notre Dame,
Accordez-nous de voir un signe, non d'une déconvenue mais d’une offre assez déconcerte, en proie à l'opportunité d'incarner l'ère d'une humanité aux nouvelles priorités ? Devrions-nous nous assoir comme les grecs avant de conclure à la va-vite et d'activer des faits et gestes exprimés rapidement par un président au discours si parfait ? Devrions-nous nous laisser endiguer par l'art et la volonté de notre maire, si douée, pour rénover ?
Oh Notre Dame,
Une oeuvre noire s'est abattue sur votre tête purifiant par le feu votre structure centenaire, détruisant votre nef ainsi que nos coeurs lourds et malmenés. Ceux-ci brûlaient d'un battement immanent et laissaient à nos yeux agrandis par l'effroi, la peur et les demandes de : Comment et Pourquoi ?
Pourquoi ces ravages et cette immense perte ? Comment ce carnage et l'affront de ce blanc nuage? Quel est le sens de la destruction et de cette fin muette ?
Mais enfin, Eteignez donc cette grande allumette !
Oh Notre Dame, Quasimodo s'en est-il réchappé ? Heureusement ont-été épargnés tous les sapeurs pompiers !
Des pages comme des images se sont envolées avec ce feu géant sur votre dentelle crénelée !
Mais quel symbole, Notre Dame, cette fenêtre ! Ainsi nous permettez-vous d'apercevoir le Ciel sous votre voûte découverte ! Debout devant vous s'égrène alors, intimement, une envie, un besoin, une nécessité : tendre au recueillement et à s'incliner.
Oh Notre Dame,
Votre beauté de tout angle est manifeste et vous portez en vous l'art, le savoir faire, la patience et l'équité d'une vieille femme à la sagesse incarnée. Vous avez béni et reçu le souffle de milliers de travailleurs artisans durant ce centenaire (verriers, graveurs, fondeurs, architectes : ancêtres bâtisseurs du patrimoine français...) afin qu'ils confèrent à vos courbes gothiques cette douceur et tendre beauté,
Vous avez été la mère de ces pères de la chrétienté (évêques, archevêques, prêtres, enfants de coeur) afin qu'ils oeuvrent, prêchent et prennent le temps de recueillir les peines et d'écouter,
Vous avez ouvert vos bras à des millions d'hommes et de femmes français ou étrangers au cours des siècles ayant à coeur d'honorer l’amour et la fraternité.
En votre sein comme une mère, avez-vous recueilli nos prières, actions de grâce, louanges et temps médités. Les laisserez-vous à présent dans ce ciel bleu s'envoler ?
Comme une porte ouverte...
Oh Notre Dame,
votre voûte, par le feu, a été dévorée. Nos demandes devenaient-elles si lourdes à porter ?
Seriez-vous fourbue de porter les joyaux de nos coeurs si retenus et enfermés ?
Auriez-vous besoin de vous libérer afin que le monde, à la douleur manifeste, se réveille à un ciel étoilé n'ayant jamais eu de cesse, de nous veiller ?
Incliné derrière des écrans très petits, ce dernier ému, tente de vous reconquérir.
S'active alors comme un élan de folie !
Aurions-nous peur de la mort, de la fin d'un cycle, de ce qui est fini ?
Que sont soudain ces dons manifestes? Ils fusent depuis certains comptes pour réanimer vos pierres meurtries... Vite !
Pour tout l'or du monde, ne voulons-nous pas vous voir réduite en cendre dans votre lit ! Comme un corps vieilli dont le pacemaker n'aurait plus de batterie, aimerions-nous changer vos arcs et vos flèches à l'infini... Oh Notre Dame... Etes-vous partie ?
Emportés, sont votre histoire, vieille de plusieurs siècles, et les secrets de votre constitution si parfaite réalisée par un savoir éclairé et en son temps construit.
Oh Notre Dame,
serait-ce le souffle de votre âme qui s'est envolé de cette coupole coronale ou le battement de notre coeur qui soudain, en se faisant ressentir, nous fait divinement mal et nous fait tressaillir ?
Auriez-vous consciencieusement établit que le temps en ces murs était fini !
Que désirez-vous Notre Dame? Où êtes-vous partie ?
Oh Notre Dame,
Votre essence touche si subtilement notre humanité. Malmenée en France depuis ces dernières semaines, ces mois et peut-être ces années, quels signaux envoyez-vous pour que nous prenions le temps de vous regarder ? Qu'aimeriez-vous nous voir à présent nous même, incarner ? Serait-ce votre Accueil, votre Compassion, votre Aide aux plus démunis, votre Sagesse ancienne, votre Ode de patience et votre Coeur de femme aimante, ouverte et béni...
Enverriez-vous alors un message dont les flammes ardentes déployées dans cette nuit dévoileraient avec fougue, entrain et énergie une seule demande :
Vibrer d'un amour plus grand et plus fort chaque jour avant de quitter la Vie.
Aurions-nous à retrousser nos manches afin d'honorer à chaque seconde le souffle parcourant nos échines et nos panses, et valoriser celle-ci ?
Aurions-nous alors à bâtir cette cathédrale en un lieu d'un rouge vibrant chaud et sain, présent et logé en notre centre, chacun ?
Aurions-nous besoin de partir à la reconquête d'un très haut sommet situé au dessus de nos têtes afin de laisser à l'ouverture de nos esprits, la joie de se satisfaire de fruits déjà produits ?
Oh Notre Dame,
Auriez-vous décidé de vous établir en nos corps et de challenger nos âmes afin de nous bousculer sur certains partis pris ? L'essence de votre esprit est sage et avisé. Nous laisserons-nous alors toucher par votre Grand Départ et par cette invitation à honorer les valeurs du féminin et du masculin sacrés réunis ? Devriions-nous réorienter cet élan généreux et ces deniers obtenus des quatre coins du monde afin que plus aucune cours des miracles n'aie encore besoin d'exister aux alentours de votre parvis ou du grand Paris ?
Oh Notre Dame,
Serez-vous alors dans tous les recoins du soir de nos nuits noires si nous agissons ainsi ? Nous laisserez-vous percevoir votre alchimie tranquille à la lumière seule de la flamme d'une bougie ?
Victor Hugo, du haut du ciel, prêtez-nous votre plume afin de toujours dépeindre cette grande dame aux parfums de santal, d'encens et de myrrhe réunis? Que le bon sens de l'humanité prime sur l'emprise souveraine de sa rationalité et de son Dieu monétaire obnubilé.
Oh Notre Dame,
Oserons-nous découvrir nos têtes et quittez nos voiles,
observerons-nous le Ciel dans sa grandeur la plus simple et dans sa joie la plus totale,
respecterons-nous notre Terre nourricière, ses carrières et ses bois
et nous engagerons-nous à nous satisfaire de ce que l'on a déjà.
Dehors la Nature est en fête
et le parfum prochain de fleurs blanches dotées de petites clochettes,
sans or, ni apparat,
lentement se préparent à délivrer leurs éclats.
Ouvrons nos coeurs et notre fenêtre,
afin que nos plus belles Natures, un jour, soit...
Ave Maria
la Vie est là...
Alegria
コメント